FALSIFICATION DES RÈGLES DE GRAMMAIRE EN GREC POUR MARQUER UNE DISTINCTION DE PERSONNES.
FALSIFICATION DES RÈGLES DE GRAMMAIRE GREC
Afin d'apprécier pleinement l'importance du sujet qui va suivre, je dois vous parler d'une règle de grammaire grecque qui est considérée infaillible par ses adhérents, et qui est devenue la base absolue pour la traduction des Écrits du Nouveau Testament. Cette règle est devenue tellement populaire depuis sa formulation, qu'elle devint par elle-même un mouvement qui en influença plusieurs à différents niveaux. Nous mentionnons cela, car un tout petit groupe a récemment fait surface au Québec dont celui qui joue le rôle principal du nom d'Alexandre Grondin.
Le mot grec « KAI » est l'équivalent de notre mot français « et » ou « aussi, ou, même, c'est-à-dire ». Souffrant des abus considérables d'une linguistique problématique et parfois tendancieuse, ce mot est souvent utilisé pour relier deux noms d'une manière quelconque. Parfois, il signifie que le second nom est « en addition au » premier nom. C'est-à-dire que deux choses distinctes sont mentionnées ensemble. Exemple : « le ciel et la terre ».
Mais lorsque la règle Granville-Sharp s'applique, « kaï » est employé pour répéter ou relier deux noms se référant à la même personne ou à la même chose. (Exemple : « le Dieu et Père ».) C'est-à-dire que selon cette règle le second nom est une description ajoutée, additionnelle au premier nom. Les deux noms réfèrent à la même chose ou à la même personne.
La règle Granville-Sharp s'énonce de la façon suivante : « Si deux noms de même cas sont reliés par un « kaï » [et] et que l'article est utilisé avec les deux noms, ceux-ci se réfèrent à des personnes ou des choses différentes. Si le premier nom seulement est précédé de l'article, le deuxième nom réfère à la même personne ou à la même chose que le premier nom. » [Vaughn et Gideon, Une grammaire grecque du Nouveau Testament (Nashville : Broadman Press, 1979), p. 83.] La clé pour comprendre cette règle réside dans l'emploi des articles définis (le, la, les). Quand nous avons deux noms reliés avec « kaï » (et), nous devons regarder selon cette règle si l'article défini (le, la,les) est utilisé avant les deux noms, ou seulement devant le premier. S'il est utilisé devant LES DEUX noms, la règle Granville-Sharp ne s'applique pas, et les deux noms se réfèrent à des personnes ou des choses séparées. Mais si le premier nom seulement est précédé d'un article défini, la règle Granville-Sharp s'applique.
Les deux noms se réfèrent alors à une seule personne ou une seule chose. Dans notre exemple précédent, « le Dieu et le Père » se rapporteraient à deux personnes séparées. Mais, « le Dieu et Père » se rapporteraient à la même personne. » Il a été démontré par ses adhérents que la règle Granville Sharp s'applique sans aucune exception lorsque sont employés des pronoms personnels singuliers et lorsqu'il n'y a aucune autre personne en évidence dans le contexte vers qui tend clairement le deuxième nom. Cependant, quand on utilise des noms pluriels ou neutres, il existe d'occasionnelles exceptions à la règle. Nous allons voir aussi que les traducteurs qui suivent cette règle ne sont pas au-dessus de tout soupçon, car ils ajoutent souvent l'article dans leurs traductions lorsque celui-ci ne se retrouve point dans le grec.
La règle de Granville Sharp donne la fausse impression qu'il y avait une uniformité de compréhension dans la lecture du Nouveau Testament Grec depuis l'Église primitive jusqu'à nos jours. Or, non seulement cette règle ne fut pas connue dans l'antiquité, mais cela ignore aussi la culture des différentes nations grecques du temps, et surtout le fait que nous avons de nos jours au-dessus de 6,000manuscrits, fragments, papyrus, et Codex Grec du Nouveau Testament qui dé montrent clairement qu'une telle uniformité n'existait pas. Il y a aussi le fait que l'église de Rome du temps du Concile de Nicée utilisait plutôt des manuscrits en Latin du Nouveau Testament et non en Grec, car le Latin était la langue officielle de l'époque. Quoique le Grec fût connu de quelques « pères apostoliques », le Grec fut plutôt la langue officielle de l'empire de Byzance, siège de l'église Orthodoxe. En fait, nous avons de nos jours au-dessus de 8,000 manuscrits Latin qui datent à partir du deuxième siècle jusqu'au temps de la Réforme Protestante au seizième siècle. En plus, nous n'avons qu'à faire une comparaison avec les gens de nos jours et nous voyons facilement que deux personnes de langue française peuvent lire un même texte et le comprendre différemment, même que deux traducteurs français peuvent traduire un même texte de deux différentes façons pour arriver à la même conclusion, à moins que l'agencement de chacun d'eux soit biaisé et dans l'intention de tromper. Or, l'uniformité est une illusion.
Contrairement à ce qui est affirmé par les partisans ce cette règle, nous allons voir qu'elle est loin de faire l'unanimité parmi les traducteurs sérieux, et qu'elle fut même rejetée par une source académique respectable sur la base de quelques passages clés des Saintes Écritures. Ce qui suit est tiré d'un article qui le démontre clairement :
« Or, dans le texte grec de 2 Pierre 1:1 (comme nous voyons plus haut), il n'y a effectivement qu'un seul article ("tou") devant les deux noms "Dieu" et "Sauveur" reliés par la conjonction "et" ("kai"), si bien que l'on peut traduire littéralement "notre Dieu et Sauveur Jésus Christ", ce que font un certain nombre de versions, comme la Traduction Oecuménique de la Bible, laquelle précise cependant, en bas de page, qu'il y a une "autre traduction possible : de notre Dieu et du Sauveur Jésus Christ "... Ceux qui penchent pour la traduction "notre Dieu et Sauveur Jésus Christ" invoqueront probablement la "règle de Granville Sharp" (énoncée en 1798) selon laquelle deux noms personnels, communs et au singulier se réfèrent toujours à la même personne lorsqu'ils sont reliés par la conjonction kai ("et"), et sont précédés d'un seul article (comme c'est le cas en 2 Pierre 1:1). Cependant cette règle n'a pas toujours fait l'unanimité parmi les "traducteurs sérieux"... En 1881, dans le Journal of the Society of Biblical Literature and Exegesis, Ezra Abbot faisait le commentaire suivant : "Nous pouvons ainsi rejeter sans hésitation la construction ["article" - "nom" - "et" - "nom"] de Granville Sharp qui, en fait, n'a le soutien que de très peu d'érudits respectables... On notera avec intérêt que nombre de versions qui traduisent par : "de notre Dieu et Sauveur Jésus Christ" en 2 Pierre 1:1, rendent une expression similaire dans le texte grec de 2 Thessaloniciens 1:12 par : "de notre Dieu et du Seigneur Jésus Christ" (littéralement : de notre Dieu et Seigneur Jésus Christ en grec.
Comparer ces deux textes dans la Traduction Oecuménique de la Bible, la Bible en Français courant, la Bible — version d'Ostervald (1996), la Bible de Jérusalem, et bien d'autres...). En Proverbes 24:21, la Septante, version grecque de l'Ancien Testament", emploie une tournure analogue dans l'expression : "crains Dieu et le roi [grec : "phobou ton theon yiekai basilea "]". (an English translation of The Septuagint, Sir L. Charles Lee Brenton). Ici, à n'en pas douter, "Dieu" et "le roi" sont deux personnes distinctes, bien qu'un seul article soit employé. »
Regardons maintenant un fait intéressant qui ressort d'un document de Robert M. Bowman, Jr., un défenseur de la règle de Granville sharp ,qui mérite d'être mentionné puisque plusieurs prétentieux se disent des ardents défenseurs de la célèbre Bible anglaise, la King-James, ainsi que de l'inspiration et la préservation des Écritures : « Les raisons académiques qui mettent en doute la règle de Granville Sharp : — Une des raisons principale pour laquelle l'oeuvre de Granville Sharpest très mal reçu, particulièrement dans le siècle qui suivit sa publication, est qu'elle démontre que la version de la King-James est défectueuses en beaucoup d'endroits, et affirme qu'elle porte plusieurs fausses traductions. La dominance totale de la King-James durant trois siècles fit que tout ce qui lui est critique était regardé avec méfiance... » Si nous suivons la règle de Granville Sharp dans 2 Thessaloniciens 1:12, soit dans la Bible King-James ou la Bible Martin, nous ne pourrions arriver à aucune autre conclusion que de dire que Jésus-Christ n'est pas Dieu, car la King-James traduit : « the grace of our God and the Lord Jesus-Christ », et la Martin traduit : « selon la grâce de notre Dieu et du Seigneur Jésus-Christ. » Mais cela n'est pas un problème pour une personne qui connaît le Grec, car elle s'aperçoit rapidement que l'article anglais « the » et celui en français « du » ne se trouve pas dans le Grec de ce passage.
Mais la même chose ne s'applique pas dans le contexte de 2 Pierre 1:1, car nous voyons dans le verset suivant (verset 2) que l'article « TOÛ » ou « de » se retrouve bel et bien à deux reprises dans le verset, indiquant selon la règle de Granville Sharp que Jésus n'est pas Dieu mais qu'il est une autre personne, suggérant qu'il n'est qu'un simple homme par rapport à Dieu. Il y a des centaines d'exemples similaires dans le Grec du Nouveau Testament. Devons-nous donc accuser les traducteurs de la King-James et de la Martin d'avoir falsifié la Parole de Dieu ? Aucun homme sein d'esprit n'oserait faire une telle chose, et pourtant certains n'hésitent pas le faire envers la traduction de la Bible de l'Épée. Puisque la règle de Granville Sharp affirme ces choses au niveau de la Bible King-James, il est évident que ses partisans affirment que cela s'applique à différents niveaux à toutes les versions et traductions du Texte Reçu Grec qui est son texte de base, comme la Bible d'Olivetan, la Bible de Genève, la Bible Martin, et la Bible Ostervald. Mais il y a plus, car Granville Sharp était anglais et non français, et il a formulé sa règle pour qu'elle s'applique à sa langue natale car la langue anglaise provient du Grec à sa base, mais le français provient du Latin. En fait, les règles de grammaire de ces deux langues sont complètement différentes, ce qui veut dire que la règle de GranvilleSharp n'a aucune valeur ni autorité au niveau du français même si quelques structures grammaticales semblent se rapprocher de l'anglais. Il devient aussi évident que la règle de Granville Sharp est une attaque directe à l'inspiration perpétuelle et à la préservation providentielle des Saintes Écritures, tout en prétendant défendre la divinité de Christ. Évidemment plusieurs de nos antagonistes n'ont pas fait des recherches sur ce sujet vital, et en supportant la règle de Granville Sharp ils se déclarent des ennemis de l'inspiration et de la préservation des Saintes Écritures qu'il disent supporter hypocritement.
Ainsi, comme nous voyons, la règle de Granville Sharp n'est pas aussi inflexible que certains le souhaiteraient. Aucune règle de grammaire ne peut prétendre à l'infaillibilité. En fait, se baser sur une telle règle pour traduire et interpréter les Saintes Écritures est une rébellion contre le Saint-Esprit et renverse sa fonction d'Instructeur, car il est le Seul qui détient l'autorité de nous enseigner et de nous diriger dans ces choses. Le Saint-Esprit est suffisant pour nous donner la compréhension et la traduction d'un texte en quelques langues que ce soit. Il n'est pas écrit : « Mais la règle de Granville Sharp, que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses... », mais « le Consolateur, qui est le Saint-Esprit, que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses... » (Jean 14:26; 1 Jean 2:27). Qui donc est menteur sinon celui qui prétend être dirigé par le Saint-Esprit, tout en remettant l'autorité de comprendre et de traduire un texte des Saintes Écritures à une règle de grammaire purement humaine et complètement faillible.
Un autre verset clé qui démontre clairement que l'article a été ajouté par les traducteurs est Romains 1:7 :
« À tous les bien-aimés de Dieu, appelés et saints, qui sont à Rome ; la grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu notre Père et Seigneur, Jésus-Christ! (Romains 1:7; Bible de l'Épée) »
Selon certains, le verset plus haut est une fausse traduction tout simplement parce qu'elle démontre que le Seigneur Jésus est « le Père et Seigneur », et cela surtout à cause que selon eux elle ne suit pas la règle de grammaire de Granville Sharp. Selon leur logique nous devons nous baser sur le texte de la Bible Martin ou celui de la Bible Ostervald qui, selon eux, porteraient la vraie traduction selon le Grec original. Regardons donc ce que ces deux versions disent:
« à vous tous qui êtes à Rome, bien-aimés de Dieu, appelés à être saints. Que la grâce et la paix vous soient données par Dieu, notre Père, et par le Seigneur Jésus-Christ ! » (Romains 1:7; Bible Martin).
« À tous les bien-aimés de Dieu, appelés et saints, qui sont à Rome ; la grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus-Christ ! » (Romains 1:7; Bible Ostervald)
Or, selon ces supposés érudits, la traduction de ce verset qui se trouve dans la Bible de l'Épée serait une fausse traduction à cause qu'elle ne contient pas les article « le » ou « du » employés par la Martin et l'Ostervald, insinuant ainsi que ce texte de la Parole de Dieu a été falsifié dans le but d'y introduire une fausse doctrine que Jésus et le Père sont une seule et même personne, et qu'il n'existe aucune distinction de personnes ou de subsistances en Dieu.
Regardons le texte Grec pour voir si vraiment ce texte la Parole de Dieu a été falsifié dans la Bible de l'Épée comme l'affirment ces prétentieux :
Traduction littérale mot à mot : « Tous qui sont à Rome bien-aimés de Dieu, appelés à paraître saints, grâce envers vous et paix venant de Dieu, Père de nous, et Seigneur Jésus-Christ. » ou plus précisément « À tous ceux qui sont à Rome, bien-aimés de Dieu et appelés à paraître saints, la grâce et la paix envers vous de la part de Dieu notre Père et Seigneur Jésus-Christ. »
Il n'y a aucun doute pour ceux qui ont des yeux pour voir, que l'article « le » ou « du » ne se trouve pas dans le Grec avant le nom du Seigneur Jésus-Christ, ce qui veut dire que l'article a été ajouté intentionnellement par les traducteurs dans le but évident de faire une distinction de personnes entre le Père et le Fils lorsqu'il n'en existe aucune dans ce texte. Même que les traducteurs de la célèbre King-James ont ajouté l'article « the » dans leur traduction. La traduction de la Bible de l'Épée est donc précise et suit exactement le texte Grec sans aucune falsification, sans ajouter et sans retrancher, et les accusations de nos antagonistes leur retombent sur la tête. Dans ce passage comme dans tous les autres que nous allons voir, le texte Grec enseigne clairement que le Père et le Fils sont une seule et même Personne.
1 Corinthiens 1:3
Littéralement : « Grâce et paix de Dieu notre Père et Seigneur Jésus-Christ »
2 Corinthiens 1:3
Littéralement : « Béni le Dieu et Père, le Seigneur de nous, Jésus-Christ le Père des compassions et Dieu de toute consolation »
Galates 1:3
Littéralement : « Grâce pour vous et paix de Dieu, Père et Seigneur de nous, Jésus-Christ »
Éphésiens 1:3
Littéralement : « Béni le Dieu et Père, le Seigneur de nous, Jésus-Christ, qui béni nous de toutes bénédictions spirituelles dans les lieux célestes en Christ »
Vous n'avez qu'à comparer les passages plus haut avec ceux dans votre Bible, la version est sans importance ici, et vous verrez clairement que les traducteurs ont ajouté des articles ici et là dans ces passages sans aucune justification apparente. Il existe un grand nombre de passages de la sorte dans le Nouveau Testament.
Laissant l'argument de l'article de côté, car comme nous avons vu il a été ajouté à maintes reprises par les traducteurs, regardons le passage de 2 Jean 1:3 qui concerne la préposition PARA ou « avec » dans notre langue. Selon le Dictionnaire Grec-Français de J. Planche, 1860, PARA est « une préposition de rapprochement qui exprime la présence, et signifie « en tant que, (sans négatif dans le contexte), ensemble, unité, et totalité. » Comme préposition de comparaison, PARA indique l'origine ou la dérivation et signifie « auprès de, de la part de, par, à côté, dans, contre, au-dessus, et vis-à-vis. » Nous obtenons plus de précisions dans le « Greek-English Lexicon of the New Testament de Thayer », où nous voyons que PARA est « une préposition qui suggère l'union ou qui indique une proximité très rapprochée avec des modifications variées qui correspondent au cas divers qui y sont joint. » Le « Greek and English Lexicon de James Donnevan, 1836 », nous indique que PARA se traduit par « throughout », terme qui signifie en notre langue « d'un bout à l'autre, entièrement, directement. » Or, le Dictionnaire Français-Anglais (1969) de M.M. Dubois, docteur des lettres, maître assistant de philosophie anglaise à la Sorbonne, nous dit que « throughout » signifie « le même, identique, et l'uniforme. » À maints endroits, les traducteurs de la King-James ont traduit PARA par « even » ou « même », et cela est très significatif car selon le Dictionnaire Larousse, « même » est un adjectif qui, lorsqu'il est placé avant le nom, marque la similitude, l'identité totale », et c'est exactement le cas dans 2 Jean 1:3.
Traduction littérale : « Grâce, miséricorde, paix, provenant (PARA) Dieu,Père, et (KAI) provenant (PARA) Seigneur Jésus-Christ le Fils, le Père, en vérité et charité »
Il n'y a aucun doute qu'une telle traduction est presque illisible dans notre langue et qu'un traducteur doit improviser pour qu'elle devienne fluide et compréhensible. Nous pourrions donc traduire aussi, en demeurant le plus proche de l'original que possible : « Que la grâce, la miséricorde, la paix, provenant de Dieu, et provenant du Seigneur Jésus-Christ, le Fils en tant que le Père, soient avec vous en vérité et charité. » Comme vous voyez, il m'a fallu ajouter deux articles et une préposition à la phrase pour qu'elle devienne compréhensible en notre langue, et qu'il a fallu aussi que j'ajoute des italiques qui ne font pas partie du Grec original.
Dans plusieurs cas de la sorte, il est possible de dispenser de l'article et de la conjonction afin de garder le sens de l'enseignement donné dans le contexte des mots. On peut donc traduire aussi : « La grâce, la miséricorde, et la paix soient avec vous, de la part de Dieu le Père, le Seigneur JÉSUS-CHRIST, le Fils qui est le Père, dans la vérité et la charité. » Néanmoins, le texte Grec ne laisse supposer ici aucunes distinctions de personnes entre le Père et le Fils, mais indique plutôt une distinction entre la chair (le Fils) et l'Esprit (le Père), et je dirai même plus précisément une distinction entre le ministère terrestre et le ministère céleste du Seigneur Jésus-Christ.
Cela nous indique que l'apôtre Jean nous parle dans une période de temps où le Seigneur Jésus est passé de son état d'humiliation à son état d'exaltation, c'est-à-dire qu'il est retourné dans sa gloire première. Une meilleure traduction de ce verset serait ainsi : « Grâce, miséricorde, paix, provenant de Dieu, c'est-à-dire provenant du Seigneur Jésus-Christ, le Fils comme Père, soient avec vous en vérité et charité. » Que la conjonction « et » puisse se traduire par « c'est-à-dire » dans un tel contexte est pleinement justifié par le fait que le Grec original ne fait aucune distinction entre le Fils et le Père dans la dernière partie du verset, où nous voyons qu'il ne se trouve aucun article ni conjonction entre les deux désignations de la révélation divine de Père et de Fils.
« Que la grâce, la miséricorde et la paix, de la part de Dieu le Père, et de la part du Seigneur Jésus-Christ, le Fils du Père, soient avec vous, en vérité et en charité. » (2 Jean 1:3; Bible Martin)
« La grâce, la miséricorde, et la paix soient avec vous, de la part de Dieu le Père, et de la part du Seigneur Jésus-Christ, le Fils du Père, dans la vérité et la charité. » (2 Jean 1:3; Bible Ostervald)
On voit dans la traduction d'Ostervald que le traducteur a ajouté la conjonction « et » entre « la miséricorde » et « la paix » et indique cela en la mettant en caractère italique. Mais le traducteur de la Martin n'indique aucunement que la conjonction n'existe pas entre ces mots dans le Grec original, car il la laisse en caractère normal.
Même que l'article « la » ne s'y trouve pas non plus. En plus, nous voyons que les deux traducteurs ont ajouté l'expression « soient avec vous » en caractère normal lorsqu'elle devrait être en italique, car elle ne se trouve pas dans le grec de ce passage.
En fait, il est évident que la règle de Granville Sharp ne s'applique aucunement ici ni ailleurs, car elle se base sur la présence de l'article lorsque souvent il ne se trouve pas dans le grec.
Il y a dans le Nouveau Testament provenant du Texte Reçu Grec, un passage célèbre.
Ce passage est celui des trois témoins célestes de 1 Jean 5:7. Ce passage est fortement contesté même par les plus grands défenseurs du Texte Reçu sur la base qu'il ne se trouve pas dans aucun ancien manuscrit. Vous n'avez qu'à regarder une version moderne de la Bible et vous vous apercevrez clairement que ce passage ne s'y trouve point. Mais regardons ce que dit F. Scrivener, un expert dans la Critique Textuel et un des plus grands défenseurs du Texte Reçu Grec :
1 Jean 5:7-8 :
« Fi : "Car il y en a trois qui rendent témoignage dans le ciel : le Père, la Parole et le Saint-Esprit ; et ces trois sont un. Et il y en a trois qui rendent témoignage sur la terre : l'esprit, l'eau, et le sang ; et ces trois sont un." (AG, Od et Sa insèrent aussi ce passage trinitaire.) Par contre, MN omet les mots "dans le ciel : le Père, la Parole et le Saint-Esprit ; et ces trois sont un. Et il y en a trois qui rendent témoignage sur la terre". (BFC, Ce, GL, Jé et Ku omettent également ce passage trinitaire). À propos de ce texte, le critique F. Scrivener, celui qui a produit la dernière édition du Texte Reçu Grec en 1894, écrivait : "Nous ne devons pas hésiter à dire notre conviction que ces termes controversés n'ont pas été écrits par saint Jean, mais introduits dans des copies latines d'Afrique en passant par les notes marginales où ils avaient d'abord été portés à titre de glose pieuse et orthodoxe sur le 1 Jean 5, verset 8 ; qu'à partir du latin ils se sont glissés dans deux ou trois codex grecs tardifs, et de là dans le texte grec imprimé, où ils n'avaient absolument pas leur place." — A Plain Introduction to the Criticism of the New Testament (Cambridge, 1883, 3e éd.), p. 654. » Sans entrer dans une contestation concernant l'authenticité de ce passage merveilleux, regardons ce qu'il dit :
Littéralement : « Car trois il y a donnent témoignage au ciel, le Père, la Parole, et le Saint-Esprit, et ces trois Un sont. »
Remarquez bien que l'expression « le Fils » ne se trouve pas dans le texte, mais bel et bien celle de « la Parole ». Il est bien évident qu'il n'est pas écrit : « Car trois il y a donnent témoignage au ciel, le Père, le Fils, et le Saint-Esprit... », mais « Car trois il y a donnent témoignage au ciel, le Père, la Parole, et le Saint-Esprit... » Il n'est pas écrit non plus « qu'il y a trois subsistances distinctes éternelles et personnelles du même Dieu », et cela est évident. Même que le texte ne laisse supposé une telle signification.
Nous somme présenté ici un témoignage céleste et non terrestre, et c'est pour cela que l'expression « le Fils » n'est pas mentionné pour ne pas induire le lecteur dans l'erreur qu'il y aurait des distinctions individuelles et personnelles en Dieu. nous n'aurions aucun choix que de déclarer qu'il n'y a pas trois personnes en Dieu, mais quatre : le Père, la Parole, le Saint-Esprit, et le Fils. Or, nous savons que le Père est un Esprit et non une personne, que la Parole est un Esprit et non une personne, et qu'évidemment le Saint-Esprit est un Esprit et non une personne, et qu'il n'y a pas trois Esprits en Dieu mais un Seul Esprit (Éphésiens 4:4). Nous savons aussi que le terme « personne » ne peut s'appliquer à un Esprit incorporel, mais qu'il se rapporte uniquement à la Personne humaine du Fils pour le distinguer de son existence spirituelle et éternelle, la distinction se faisait uniquement entre la chair et l'Esprit et non entre deux personnes. Le témoignage de ce passage contesté représente donc un témoignage céleste du Saint-Esprit qui déclare qu'il n'y a aucune distinction en Dieu, mais que les trois représentations céleste de Père, de Parole, et de Saint-Esprit se rapportent à la même chose ou plutôt au même Être Sublime qui est YaHWeH ou l'Éternel manifesté dans la chair sous le nom de JÉSUS. Cela est confirmé davantage par le passage suivant (verset 8) des trois témoins terrestres. De plus, le mot « un » dans le texte provient du Grec « HEIS », et ce mot ne porte pas la notion d'une unité de distinctions ou de divisions ,mais d'une exclusivité unique, d'uniformité, de suprématie, de ce qui est indivisible, invariable et éternel. La traduction de 1 Jean 5:7-8 dans la Bible de l'Épée est donc pleinement justifiée : « Car il y en a trois qui rendent témoignage dans le ciel, le Père, la Parole, et le Saint-Esprit, et ces trois-là sont indivisible en Jésus. Il y en a aussi trois qui rendent témoignage sur la terre ; l'Esprit, l'eau, et le sang ; et ces trois-là se rapportent à un seul Christ. »
Pour mettre le point sur cette règle subtile et subversive, regardons le passage de Colossiens 2:2 :
« Afin que leurs coeurs soient consolés, étant joints étroitement ensemble dans l'amour, et dans toutes les richesses de la pleine certitude d'intelligence, pour la connaissance du mystère de Dieu le Père, et de Christ »
la règle de Granville Sharp. Si nous suivrions cette règle dans ce passage, cela signifierait que le Père et Christ ne sont pas Dieu à cause que la conjonction « et », qui est utilisée deux fois, est suivie immédiatement des articles « de » et « du ».
On néglige souvent de réaliser qu'un traducteur n'est qu'un homme soumit à des règles de travail et des influences charnelles et religieuses, et qu'aucune traduction n'est parfaite.
En d'autres mots, un traducteur ne traduira jamais en dehors des règles de l'orthodoxie qui lui sont imposées par son église ou par le consensus général d'experts de différentes églises, de crainte de perdre son travail, sa réputation, son prestige, et tous les honoraires qui lui reviennent. Ici est le gros du problème, car il va ajouter ou retrancher au texte des articles, des prépositions, des conjonctions, des mots, ou encore le modifier légèrement et subtilement .
En général les plus honnêtes vont indiquer les changements en mettant les mots en italiques, pratique de transparence que nous voyons surtout dans les versions de la Bible des Réformateurs comme la Martin et l'Ostervald, mais cela n'est pas la règle courante lorsqu'il s'agit de défendre l'orthodoxie, même avec ces versions de la Bible. Il y a définitivement intention de tromper dans les textes traduit pour soutenir un tel but, et le Nouveau Testament surtout abonde d'évidences d'une telle supercherie. Pour donner un seul exemple d'entre plusieurs, regardons le passage de 2 Corinthiens 1:2 dans la Bible Ostervald 1996: «La grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu notre Père, et du Seigneur Jésus -Christ!» Voici le même passages dans le Grec original: «χαρις υμιν και ειρηνη απο θεου πατρος ημων και κυριου ιησου χριστου». On voit clairement que le traducteur a ajouté la préposition « du » (ou « εκ » dans le Grec). Cette préposition ne se trouve pas dans l'original, comme nous venons de voir dans le Grec, même que sa prétendue traduction n'est pas en italique lorsque l'honnêteté l'exige. Une traduction selon l'original démontre: « La grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu notre Père et Seigneur, JÉSUS-CHRIST ! ». En ajoutant la préposition « du », le traducteur cause une distinction entre le Père et le Seigneur Jésus-Christ, distinction qui n'existe pas dans le Grec.